Atlantic slave trade

Portrait : OLYMPE DE GOUGES

 17 janvier, 2023

Simon Férelloc

Femme de lettres et révolutionnaire française, Olympe de Gouges est une personnalité avant-gardiste dans plusieurs domaines. Elle est principalement connue pour avoir rédigé la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) qui vise à compléter la Déclaration des droits de l’homme de 1789. Il faut aussi rappeler qu’elle s’investit de façon précoce dans le combat antiesclavagiste et qu’elle ne dément jamais cet engagement fondamental.

La naissance d’une conscience abolitionniste

Marie Gouze naît en 1748 à Montauban dans le sud de la France. Petite, elle aurait assisté à l’expression d’un racisme violent à l’encontre d’une femme noire sur un marché de sa ville natale. C’est de cet évènement que l’écrivaine date son intérêt pour le « sort » des personnes noires et sa conscience des préjugés qui visent celles-ci. Devenue veuve avant 1772, elle débute une liaison avec un homme plongé dans l’univers colonial : le directeur du Bureau des Fonds de la marine et des colonies, Jacques Biétrix de Rozières. Arrivée à Paris, Marie Gouze commence à se faire un nom ou plutôt un pseudonyme, Olympe de Gouges, avec lequel elle intègre des salons littéraires parisiens. En 1783 (ou 1784), elle écrit sa première pièce de théâtre,  Zamore et Mirza  qui met en scène la fuite de deux esclaves fugitifs « condamnés à mort pour avoir tué leur maître tyrannique » (Jonathan Israel). Cette dramaturgie doit néanmoins attendre la Révolution pour être représentée. Elle est alors renommée De l’esclavage des nègres, ce qui explicite son sens politique. Directement visé par la pièce, le milieu colonial s’active et parvient à la faire censurer en janvier 1790. En parallèle, l’écrivaine publie deux autres œuvres abolitionnistes. D’abord, les Réflexions sur les hommes nègres (1788) dans lequel elle écrit que c’est « la force et le préjugé » qui ont « condamné [les Noirs] à cet horrible esclavage ». Ensuite, une seconde pièce : Le marché des noirs parue en 1790.

L’engagement politique

Olympe de Gouges ne limite pas son action au champ littéraire et culturel. Elle s’engage aussi sur le terrain politique. Ainsi, elle se rapproche de la Société des Amis des Noirs fondée en 1788 dont nous ne savons pas avec certitude si elle l’a formellement intégrée. En 1791, elle prend aussi la plume pour défendre l’égalité politique entre les Blancs et les libres de couleur (ce terme est alors utilisé pour désigner les populations d’origine africaine libres dans les colonies esclavagistes). Cependant, de Gouges éprouve la misogynie de son époque qui fait obstacle à l’implication directe des femmes en politique. C’est alors qu’elle rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne  dans laquelle elle revendique : « la femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » (article 1). À travers cette déclaration, elle continue de plaider la cause des personnes opprimées par le système colonial. Dans le dernier paragraphe, elle dénonce : « les colons prétendent régner en despotes sur des hommes dont ils sont les pères et les frères ; et, méconnaissant les droits de la nature, ils en poursuivent la source jusque dans la plus petite teinte de leur sang ».

La condamnation à mort

Le positionnement d’Olympe de Gouges dans le processus révolutionnaire demeure complexe et ambigu. Avant-gardiste sur les questions d’émancipation des femmes et d’abolition de l’esclavage, la dramaturge évolue par ailleurs entre un républicanisme modéré et un royalisme assez conservateur. Ainsi, en 1789, elle défend la nécessité de « respecter les trois ordres » afin de « sauver la patrie » et s’inscrit donc à contretemps du combat frontal des députés du Tiers-État contre les deux ordres privilégiés. En décembre 1792, elle va même jusqu’à se proposer d’assister la défense du roi Louis XVI durant son procès. Ennemie déclarée des Montagnards (des républicains radicaux), elle est arrêtée pour ses écrits jugés contre-révolutionnaires puis guillotinée le 3 novembre 1793. Pour la postérité, elle reste la figure principale du premier féminisme français. Son combat abolitionniste est lui salué dès 1808 par l’abbé Grégoire lorsque celui-ci rend hommage à ceux, et à celles, qui ont servi la cause des victimes de l’esclavage colonial.

Pour aller plus loin

Video : Olympe de Gouges, Pionnières !, les documents de BnF-Gallica, 2019 ⬇️

⬇️ Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne – PDF  ⬇️

Contenus

À propos de l’auteur

Simon Férelloc est étudiant en Master Recherche en Histoire à Nantes Université. Il mène actuellement des recherches sur les conséquences des politiques coloniales françaises et des mouvements révolutionnaires aux Antilles.

Bibliographie

Charlotte DENOËL, Olympe de Gouges, Histoire par l’image. Consultable en ligne: https://histoire-image.org/etudes/olympe-gouges

Pionnières ! Episode 1 : Olympe de Gouges, Le Blog de Gallica, 2019. Consultable en ligne : https://c.bnf.fr/OlympeDeGouges.

Olivier BLANC, Marie-Olympe de Gouges. Une humaniste à la fin du XVIIIe siècle, Paris, René Viénet, 2003

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